Billy Wilder et moiJonathan Coe

Sélection de Chantal Pattyn pour sa vitrine.

En tant qu’animateur de l’émission de radio Pompidou, j’interroge souvent des écrivains flamands et néerlandais. Pendant la saison radiophonique, le temps que je peux consacrer aux fictions en langues étrangères est limité. Permettez-moi donc de vous faire part de mon enthousiasme pour le dernier roman de Jonathan Coe. Dans M. Wilder et moi, nous faisons la connaissance de Calista. Au début du roman, c’est une femme d’âge mûr, dont l’une des filles est partie à l’autre bout du monde. L’autre est enceinte sans le vouloir. La vie professionnelle de Calista est également chancelante. En tant que compositrice, elle ne reçoit plus guère de commandes intéressantes. C’est alors qu’elle décide de terminer quelque chose qui est resté dans le tiroir depuis trop longtemps : son ode à Billy Wilder, qu’elle a rencontré lors d’un voyage aux États-Unis lorsqu’elle était jeune femme. Soudain, la perspective change : Billy Wilder débarque sur le plateau de Fedora en Grèce. Calista est la jeune interprète. Son passage à l’âge adulte est accompagné par les émotions et les oraisons du Wilder aigri, qui sait que son film ne fera plus la différence. Le fait que Fedora ne soit qu’une histoire de mystère autour d’une actrice d’un certain âge qui semble jeune pour toujours ajoute une couche supplémentaire. M. Wilder et moi est plein de dialogues savoureux et de coups de gueule. Le vieux Wilder plaisante sur Al Pacino qui commande un hamburger n’importe où dans le monde et ne comprend pas pourquoi le jeune et barbu Steve Spielberg conquiert le monde avec son film sur un poisson dangereux. Wilder s’étouffe, tout en restant élégant, dans sa nostalgie.
Chantal Pattyn

« Dans la chaleur exaltante de l’été 1977, la jeune Calista quitte sa Grèce natale pour découvrir le monde. Sac au dos, elle traverse les Etats-Unis et se retrouve à Los Angeles, où elle fait une rencontre qui bouleversera sa vie : par le plus grand des hasards, la voici à la table du célèbre cinéaste hollywoodien Billy Wilder, dont elle ne connaît absolument rien. Quelques mois plus tard, sur une île grecque transformée en plateau de cinéma, elle retrouve le réalisateur et devient son interprète le temps d’un fol été, sur le tournage de son avant-dernier film, Fedora. Tandis que la jeune femme s’enivre de cette nouvelle aventure dans les coulisses du septième art, Billy Wilder vit ce tournage comme son chant du cygne. Conscient que sa gloire commence à se faner, rejeté par les studios américains et réalisant un film auquel peu de personnes croient vraiment, il entraîne Calista sur la piste de son passé, au coeur de ses souvenirs familiaux les plus sombres. Roman de formation touchant et portrait intime d’une des figures les plus emblématiques du cinéma, Billy Wilder et moi reconstitue avec une fascinante précision l’atmosphère d’une époque. Jonathan Coe raconte avec tendresse, humour et nostalgie les dernières années de carrière d’une icône, et nous offre une histoire irrésistible sur le temps qui passe, la célébrité, la famille et le poids du passé. »