Catherine Rombouts Le grand jour
Pharisienne, pharisien,
Autruche, autruche,
On va mourir. Belle nouvelle. Et, non, on n’ira pas aux cieux. La mort est l’injure suprême que Dieu fait à sa créature. A moins que la pire soit l’obligation de vivre avant de disparaître, soit une vie de souffrance qui fait espérer un au-delà meilleur, et alors – pirouette – les dieux n’existent pas et il n’y a rien, soit une vie agréable et qu’il nous serait bien agréable de ne jamais quitter, et il le faut pourtant, sans même pouvoir Lui reprocher parce qu’enfin (en fin) c’est clair, c’est Sapiens (nous-même) qui L’a inventé. Il faut certainement du courage pour choisir de mourir avant l’heure (même si c’est si peu de temps avant l’heure, et en s’épargnant bien des souffrances), mais il faut surtout de la détermination, de la réflexion, et de l’amour pour ses proches. Le manque sera là. La perte est irrémédiable. Il ne s’agit pas de choisir la mort contre la vie, mais une mort contre autre, plus longue, plus sale, plus terrible encore. Ce livre de passion douce est un hymne à la vie. Une mère choisit de mourir par euthanasie. Mais toute mère mourra. Toute fille, tout fils. Ce n’est pas la mort qui est triste, c’est le manque. Et il faudra vivre de souvenirs du disparu. C’est exactement ce que fait ici Catherine Rombouts. Il faut aller plus loin que la perte. Pleurer aussi. Pleurer évidemment. Mais pas de la douleur de l’être aimé, pas de sa déchéance, pas des faux-espoirs, pas de la peur… Ne pas devoir espérer une fin qui n’arrive pas (et qui arrivera pourtant). Avoir la consolation, car s’en est une, de cette mort choisie, d’un processus qui a mené à ce choix… Je vends bien des beaux livres, bien des livres utiles de fond et de forme, mais aucun ne me semble plus important que celui-ci.
- Loco
- Langue Français
- Publication2020
- Pages112
- Format24.6 x 17.5 cm
- ISBN9782843140235